VTRAQVE LINGVA IV

Publié le par JM

Ciceron de officiis, I, 

Quamquam te, Marce fili, annum iam audientem Cratippum idque Athenis abundare oportet praeceptis institutisque philosophiae propter summam et doctoris auctoritatem et urbis, quorum alter te scientia augere potest, altera exemplis, tamen, ut ipse ad meam utilitatem semper cum Graecis Latina coniunxi neque id in philosophia solum, sed etiam in dicendi exercitatione feci, idem tibi censeo faciendum, ut par sis in utriusque orationis facultate. Quam quidem ad rem nos, ut uidemur, magnum attulimus adiumentum hominibus nostris, ut non modo Graecarum litterarum rudes, sed etiam docti aliquantum se arbitrentur adeptos et ad dicendum et ad iudicandum.

Bien qu'après avoir, pendant un an, suivi l'enseignement donné par Cratippe, tu doives, mon cher fils Marcus, sous un maître d'une si grande autorité et dans une ville très riche en exemples, t'être abondamment pourvu de préceptes et de doctrine, je juge, moi qui, non seulement en philosophie mais aussi dans l'apprentissage de l'art oratoire, me suis très bien trouvé de m'exercer en latin comme en grec, qu'il te faut, toi aussi, faire en sorte d'avoir une égale maîtrise des deux langages. Pour ce qui est du latin, je pense avoir rendu un service très réel et à ceux de nos compatriotes qui sont ignorants des lettres grecques et même à ceux qui, ayant de la culture, se considèrent comme possédant l'art de dire et un bon jugement.


Pline VII,9

[7,9] IX. C- PLINIUS FUSCO SUO S-.
(1) Quaeris quemadmodum in secessu, quo iam diu frueris, putem te studere oportere. (2) Utile in primis, et multi praecipiunt, uel ex Graeco in Latinum uel ex Latino uertere in Graecum. Quo genere exercitationis proprietas splendorque uerborum, copia figurarum, uis explicandi, praeterea imitatione optimorum similia inueniendi facultas paratur; simul quae legentem fefellissent, transferentem fugere non possunt. (3) Intellegentia ex hoc et iudicium acquiritur. Nihil offuerit quae legeris hactenus, ut rem argumentumque teneas, quasi aemulum scribere lectisque conferre, ac sedulo pensitare, quid tu quid ille commodius. Magna gratulatio si non nulla tu, magnus pudor si cuncta ille melius. Licebit interdum et notissima eligere et certare cum electis. (4) Audax haec, non tamen improba, quia secreta contentio: quamquam multos uidemus eius modi certamina sibi cum multa laude sumpsisse, quosque subsequi satis habebant, dum non desperant, antecessisse. (5) Poteris et quae dixeris post obliuionem retractare, multa retinere plura transire, alia interscribere alia rescribere.
(6) Laboriosum istud et taedio plenum, sed difficultate ipsa fructuosum, recalescere ex integro et resumere impetum fractum omissumque, postremo noua uelut membra peracto corpori intexere nec tamen priora turbare. (7) Scio nunc tibi esse praecipuum studium orandi; sed non ideo semper pugnacem hunc et quasi bellatorium stilum suaserim. Ut enim terrae uariis mutatisque seminibus, ita ingenia nostra nunc hac nunc illa meditatione recoluntur. (8) Volo interdum aliquem ex historia locum apprendas, uolo epistulam diligentius scribas. Nam saepe in oratione quoque non historica modo sed prope poetica descriptionum necessitas incidit, et pressus sermo purusque ex epistulis petitur. (9) Fas est et carmine remitti, non dico continuo et longo - id enim perfici nisi in otio non potest -, sed hoc arguto et breui, quod apte quantas libet occupationes curasque distinguit. (10) Lusus uocantur; sed hi lusus non minorem interdum gloriam quam seria consequuntur. Atque adeo - cur enim te ad uersus non uersibus adhorter? -
(11) ut laus est cerae, mollis cedensque sequatur
si doctos digitos iussaque fiat opus
et nunc informet Martem castamue Mineruam,
nunc Venerem effingat, nunc Veneris puerum;
utque sacri fontes non sola incendia sistunt,
saepe etiam flores uernaque prata iuuant,
sic hominum ingenium flecti ducique per artes
non rigidas docta mobilitate decet.
(12) Itaque summi oratores, summi etiam uiri sic se aut exercebant aut delectabant, immo delectabant exercebantque. (13) Nam mirum est ut his opusculis animus intendatur remittatur. Recipiunt enim amores odia iras misericordiam urbanitatem, omnia denique quae in uita atque etiam in foro causisque uersantur.
(14) Inest his quoque eadem quae aliis carminibus utilitas, quod metri necessitate deuincti soluta oratione laetamur, et quod facilius esse comparatio ostendit, libentius scribimus.
(15) Habes plura etiam fortasse quam requirebas; unum tamen omisi. Non enim dixi quae legenda arbitrarer: quamquam dixi, cum dicerem quae scribenda. Tu memineris sui cuiusque generis auctores diligenter eligere. Aiunt enim multum legendum esse, non multa. (16) Qui sint hi adeo notum probatumque est, ut demonstratione non egeat; et alioqui tam immodice epistulam extendi, ut dum tibi quemadmodum studere debeas suadeo, studendi tempus abstulerim. Quin ergo pugillares resumis, et aliquid ex his uel istud ipsum quod coeperas scribis? Vale.

[7,9] IX. - Pline à Fuscus.
Vous me demandez un plan d'études à suivre dans la retraite dont vous jouissez depuis longtemps. Un des exercices les plus utiles, et que beaucoup de personnes recommandent, c'est de traduire du grec en latin, ou du latin en grec. Par là vous acquérez la justesse et la beauté de l'expression, la richesse des figures, l'abondance des développements; et, dans cette imitation des auteurs les plus excellents, vous puisez le talent d'écrire comme eux. Ajoutez qu'en traduisant, on saisit bien des choses qui eussent échappé en lisant : la traduction ouvre l'esprit et forme le goût.
Il sera bon encore de choisir dans vos lectures un morceau dont vous ne prendrez que le fond et le sujet pour le traiter vous-même avec l'intention d'établir une lutte entre l'auteur et vous. Vous comparerez ensuite son ouvrage et le vôtre, et vous examinerez soigneusement dans quel endroit vous l'avez surpassé, dans quel autre il vous est supérieur. Quelle joie d'apercevoir qu'on a eu quelquefois l'avantage ! quelle confusion, si l'on est toujours demeuré au-dessous ! Vous pourrez aussi de temps en temps faire un choix des passages les plus célèbres, et chercher à les égaler. Comme cette lutte est secrète, elle suppose plus de courage que de témérité. Nous voyons même un grand nombre de personnes pour lesquelles ces sortes de combats n'ont pas été sans gloire. Elles n'aspiraient qu'à suivre leurs modèles, et, pleines d'une noble confiance, elles les ont devancés.
De plus, quand vous aurez perdu de vue votre ouvrage, vous pourrez le remanier, en conserver une partie, retrancher l'autre, ajouter, changer à votre gré. C'est sans doute une besogne pénible et fort ennuyeuse; mais, malgré la difficulté, il est utile de reprendre son premier feu, de rendre à son esprit une ardeur épuisée et qu'on a laissée s'éteindre, enfin d'adapter, sans troubler l'ordre déjà établi, de nouveaux membres à un corps qui semblait achevé.
Je sais que votre étude principale est l'éloquence du barreau. Cependant je ne vous conseillerais pas de vous en tenir toujours à ce style de controverse et de combat. Comme les champs se plaisent à changer de semences, nos facultés intellectuelles demandent aussi à être exercées par différentes études. Appliquez-vous tantôt à traiter quelque sujet historique, tantôt à écrire une lettre avec soin : car, dans les plaidoyers même, il est souvent nécessaire de tracer non seulement des tableaux historiques, mais encore des descriptions demi-poétiques.
Quant aux lettres, elles nous donnent un style concis et châtié. On peut encore se délasser en composant des vers. Je ne parle pas de ces ouvrages de longue haleine qu'on ne peut achever que dans un parfait loisir, mais de ces petites pièces légères qui trouvent leur place dans l'intervalle des occupations les plus graves. C'est ce qu'on nomme des jeux; mais ces jeux quelquefois ne font pas moins d'honneur que des écrits sérieux. Je vous dirai donc, pour vous conseiller en vers, de cultiver la poésie : Ainsi que nous voyons, sous une main savante, S'arrondir, se plier la cire obéissante, Et, docile à son gré, devenir tour à tour Minerve, Jupiter, Mars, Vénus ou l'Amour; Comme, en de longs canaux sagement répartie, L'onde arrose les prés et dompte l'incendie; Les préceptes de l'art éclairent les talents, Préviennent leurs écarts et guident leurs élans.
C'est ainsi que s'exerçaient ou se délassaient les grands orateurs et même que les plus grands hommes ; ou plutôt, c'est ainsi qu'ils se délassaient et s'exerçaient tout ensemble. On ne saurait croire combien ces opuscules raniment et reposent l'esprit. L'amour, la haine, la colère, la pitié, le badinage, enfin tout ce qu'on voit le plus souvent dans le monde, au barreau, dans les affaires, peut en fournir le sujet. Ce travail, ainsi que toute autre composition poétique, procure cet avantage, qu'après avoir été gêné par la mesure, on aime à retrouver la liberté de la prose, et qu'on écrit avec plus de plaisir dans un genre dont la comparaison a fait ressortir la facilité.
Voilà peut-être plus de conseils que vous n'en demandiez. J'ai pourtant oublié un point essentiel : je n'ai point dit ce qu'il fallait lire, quoique ce soit l'avoir assez dit, que d'avoir marqué ce qu'il fallait écrire. Souvenez-vous seulement de bien choisir les meilleurs livres dans chaque genre : car on a fort bien dit "qu'il fallait beaucoup lire, mais peu de livres". Je ne vous marque point ces livres; ils sont si universellement connus, qu'il n'est pas nécessaire de les indiquer. D'ailleurs je me suis si fort étendu dans cette lettre, qu'en voulant vous donner des avis sur la manière d'étudier, j'ai dérobé du temps à vos études. Reprenez donc au plus tôt vos tablettes ; commencez quelqu'un des ouvrages que je vous ai proposés, ou continuez ce que vous avez commencé. Adieu.

 


Pline VII, 25

1) O quantum eruditorum aut modestia ipsorum aut quies operit ac subtrahit famae! At nos eos tantum dicturi aliquid aut lecturi timemus, qui studia sua proferunt, cum illi qui tacent hoc amplius praestent, quod maximum opus silentio reuerentur. (2) Expertus scribo quod scribo. Terentius Iunior, equestribus militiis atque etiam procuratione Narbonensis prouinciae integerrime functus, recepit se in agros suos, paratisque honoribus tranquillissimum otium praetulit.
(3) Hunc ego inuitatus hospitio ut bonum patrem familiae, ut diligentem agricolam intuebar, de his locuturus, in quibus illum uersari putabam; et coeperam, cum ille me doctissimo sermone reuocauit ad studia. (4) Quam tersa omnia, quam Latina, quam Graeca! Nam tantum utraque lingua ualet, ut ea magis uideatur excellere, qua cum maxime loquitur. Quantum ille legit, quantum tenet! Athenis uiuere hominem, non in uilla putes. (5) Quid multa? Auxit sollicitudinem meam effecitque ut illis quos doctissimos noui, non minus hos seductos et quasi rusticos uerear. (6) Idem suadeo tibi: sunt enim ut in castris sic etiam in litteris nostris, plures cultu pagano quos cinctos et armatos, et quidem ardentissimo ingenio, diligenter scrutatus inuenies. Vale.


[7,25] XXV. - Pline à Rufus.
Que de savants cachés et soustraits à la renommée par la modestie ou l'amour du repos ! Cependant avons-nous à parler ou à lire en public, nous ne craignons que ceux qui produisent leur savoir; tandis que ceux qui se taisent n'en témoignent que mieux par le silence leur estime pour un bel ouvrage. Ce que je vous en écris, c'est par expérience. Térentius Junior, après avoir servi honorablement dans la cavalerie, et s'être dignement acquitté de l'intendance de la Gaule narbonnaise, se retira dans ses terres, et préféra un paisible loisir à tous les honneurs qui l'attendaient. Un jour il m'invita à venir chez lui. J'y consentis; et, le regardant comme un bon père de famille, comme un honnête laboureur, je me disposais à l'entretenir du seul sujet que je lui croyais familier. J'avais déjà commencé, lorsqu'il sut doctement ramener la conversation sur la littérature. Quelle élégance dans ses paroles ! Comme il s'exprime en latin et en grec! Il possède si bien les deux langues, qu'il semble toujours que celle qu'il parle est celle qu'il sait le mieux. Quelle érudition ! quelle mémoire ! vous croiriez que cet homme vit à Athènes, et non pas au village. En un mot, il a redoublé mes inquiétudes, et m'a fait redouter, à l'avenir, le jugement de ces campagnards inconnus, autant que celui des hommes dont je connais la science profonde. Je vous conseille d'en user de même. Lorsque vous y regarderez de près, vous trouverez beaucoup de gens dans l'empire des lettres, comme dans les armées, qui, sous un habit grossier, cachent les plus hautes vertus, et les plus rares talents. Adieu.





Pline III, 1, 7


Peractis septem milibus passuum iterum ambulat mille, iterum residit uel se cubiculo ac stilo reddit. Scribit enim et quidem utraque lingua lyrica doctissima; mira illis dulcedo, mira suauitas, mira hilaritas, cuius gratiam cumulat sanctitas scribentis.

Quand on a parcouru sept milles, il en fait encore un à pied, prend un nouveau repos ou revient à son cabinet et à sa plume.
Car il écrit, et même en grec aussi bien qu'en latin, des poésies lyriques très savantes. Ses vers ont une douceur, une grâce, une gaieté merveilleuses, dont l'agrément est rehaussé par la vie si pure de l'auteur




Histoire auguste marc aurèle II, 1-4


Fuit a prima infantia gravis. at ubi egressus est annos, qui nutricum foventur auxilio, magnis praeceptoribus traditus ad philosophiae scita pervenit. [2] usus est magistris ad prima elementa Euforione litteratore et Gemino comoedo, musico Androne eodemque geometra. quibus omnibus ut disciplinarum auctoribus plurimum detulit. [3] usus praeterea grammaticis Graeco Alexandro Coti<aens>i[s], Latinis Trosio Apro et Pol<i>on<e> et Eutychio Proculo Siccensi. [4] oratoribus usus est Graec<is> Ani<ni>o Macro, Caninio Celere et Herode Atti[o]co, Latino Frontone Cornelio.


Il se fit remarquer, dès son enfance, par la gravité de son caractère. A peine sorti des mains des femmes, il fut confié à d'habiles précepteurs, et il étudia la philosophie. Ses professeurs, pour les premiers éléments, furent le littérateur Euphorion, le comédien Géminas et le musicien Andron, qui lui enseigna aussi la géométrie : il leur témoigna toujours, comme à ses maîtres, beaucoup de déférence. Il apprit le grec sous le grammairien Alexandre, et il s'exerça tous les jours dans la langue latine avec Trosius Aper, Pollion et Eutychius Proculus, de Sicca. Les orateurs grecs sous lesquels il étudia furent Annius Marcus, Caninius Celer et Hérode Atticus. Fronton Cornélius fut son professeur d'éloquence latine.

 

Plutarque Marcellus VIII 7-8



Καλεῖται δ' ὁ μὲν θεὸς ᾧ πέμπεται Φερέτριος Ζεύς, ὡς μὲν ἔνιοί φασιν, ἀπὸ τοῦ φερετρευομένου τροπαίου κατὰ τὴν Ἑλληνίδα γλῶσσαν, ἔτι πολλὴν τότε συμμεμειγμένην τῇ Λατίνων, ὡς δ' ἕτεροι, Διός ἐστιν ἡ προσωνυμία κεραυνοβολοῦντος. τὸ γὰρ τύπτειν φέρειν οἱ Ῥωμαῖοι <8> καλοῦσιν. ἄλλοι δὲ παρὰ τὴν τοῦ πολεμίου πληγὴν γεγονέναι τοὔνομα λέγουσι· καὶ γὰρ νῦν ἐν ταῖς μάχαις, ὅταν διώκωσι τοὺς πολεμίους, πυκνὸν τὸ φέρε, τουτέστι παῖε

Le dieu à qui on consacra ces dépouilles se nomme Jupiter Férétrien; et ce nom, suivant quelques auteurs, vient du trophée qu'on lui porte; il est dérivé du mot grec qui signifie porter : car alors les termes de la langue grecque étaient fort mêlés avec ceux de la langue latine. D'autres veulent que ce surnom de Férétrien signifie qui lance la foudre; et ils le tirent du mot latin "ferire", qui veut dire frapper; il y en a qui le font venir des coups qu'on se donne à la guerre. Encore aujourd'hui, quand les Romains combattent ou qu'ils poursuivent l'ennemi, ils s'exhortent les uns les autres, en criant : "Feri", frappe. Ils donnent en général le nom de dépouilles aux armes prises sur les ennemis; mais celles qu'un général romain enlève au général ennemi, après l'avoir tué, sont appelées spécialement dépouilles opimes.

 

PLUTARQUE, vie de Caton

[12] Τιβερίῳ μὲν οὖν Σεμπρωνίῳ τὰ περὶ Θρᾴκην καὶ Ἴστρον ὑπατεύοντι πρεσβεύων συγκατειργάσατο, Μανίῳ δ´ Ἀκιλίῳ χιλιαρχῶν ἐπ´ Ἀντίοχον τὸν μέγαν συνεξῆλθεν εἰς τὴν Ἑλλάδα, φοβήσαντα Ῥωμαίους ὡς οὐδένα ἕτερον μετ´ Ἀννίβαν. τὴν γὰρ Ἀσίαν ὅσην ὁ Νικάτωρ Σέλευκος εἶχεν ὀλίγου δεῖν ἅπασαν ἐξ ὑπαρχῆς ἀνειληφώς, ἔθνη τε πάμπολλα καὶ μάχιμα βαρβάρων ὑπήκοα πεποιημένος, ἐπῆρτο συμπεσεῖν Ῥωμαίοις ὡς μόνοις ἔτι πρὸς αὐτὸν ἀξιομάχοις οὖσιν. εὐπρεπῆ δὲ τοῦ πολέμου ποιησάμενος αἰτίαν τοὺς Ἕλληνας ἐλευθεροῦν, οὐδὲν δεομένους, ἀλλ´ ἐλευθέρους καὶ αὐτονόμους χάριτι τῇ Ῥωμαίων ἀπὸ Φιλίππου καὶ Μακεδόνων νεωστὶ γεγονότας, διέβη μετὰ δυνάμεως, καὶ σάλον εὐθὺς ἡ Ἑλλὰς εἶχε καὶ μετέωρος ἦν, ἐλπίσι διαφθειρομένη βασιλικαῖς ὑπὸ τῶν δημαγωγῶν. ἔπεμπεν οὖν πρεσβείας ὁ Μάνιος ἐπὶ τὰς πόλεις, καὶ τὰ μὲν πλεῖστα τῶν νεωτεριζόντων Τίτος Φλαμινῖνος ἔσχεν ἄνευ ταραχῆς καὶ κατεπράυνεν, ὡς ἐν τοῖς περὶ ἐκείνου γέγραπται, Κάτων δὲ Κορινθίους καὶ Πατρεῖς, ἔτι δ´ Αἰγιεῖς παρεστήσατο. πλεῖστον δὲ χρόνον ἐν Ἀθήναις διέτριψε, καὶ λέγεται μέν τις αὐτοῦ φέρεσθαι λόγος ὃν Ἑλληνιστὶ πρὸς τὸν δῆμον εἶπεν, ὡς ζηλῶν τε τὴν ἀρετὴν τῶν παλαιῶν Ἀθηναίων, τῆς τε πόλεως διὰ τὸ κάλλος καὶ τὸ μέγεθος ἡδέως γεγονὼς θεατής· τοῦτο δ´ οὐκ ἀληθές ἐστιν, ἀλλὰ δι´ ἑρμηνέως ἐνέτυχε τοῖς Ἀθηναίοις, δυνηθεὶς ἂν αὐτὸς εἰπεῖν, ἐμμένων δὲ τοῖς πατρίοις καὶ καταγελῶν τῶν τὰ Ἑλληνικὰ τεθαυμακότων. Ποστούμιον γοῦν Ἀλβῖνον ἱστορίαν Ἑλληνιστὶ γράψαντα καὶ συγγνώμην αἰτούμενον ἐπέσκωψεν, εἰπὼν δοτέον εἶναι τὴν συγγνώμην, εἰ τῶν Ἀμφικτυόνων ψηφισαμένων ἀναγκασθεὶς ὑπέμεινε τὸ ἔργον. θαυμάσαι δέ φησι τοὺς Ἀθηναίους τὸ τάχος αὐτοῦ καὶ τὴν ὀξύτητα τῆς φράσεως· ἃ γὰρ αὐτὸς ἐξέφερε βραχέως, τὸν ἑρμηνέα μακρῶς καὶ διὰ πολλῶν ἀπαγγέλλειν· τὸ δ´ ὅλον οἴεσθαι τὰ ῥήματα τοῖς μὲν Ἕλλησιν ἀπὸ χειλῶν, τοῖς δὲ Ῥωμαίοις ἀπὸ καρδίας φέρεσθαι.




Ainsi il suivit, en qualité de lieutenant, le consul Tibérius Sempronius, qui allait faire la guerre en Thrace et sur le Danube ; il accompagna ensuite, comme tribun des soldats, le consul Manius Acilius, qui allait en Grèce contre Antiochus-le-Grand, l'ennemi le plus redoutable des Romains, après Annibal. Ce prince avait conquis toutes les possessions de Séleucus Nicanor en Asie, et réduit sous son obéissance plusieurs nations barbares et belliqueuses. Enflé de tant de succès, il déclara la guerre aux Romains, comme aux seuls ennemis qui fussent désormais dignes de lui. Il donnait à cette guerre le prétexte spécieux d'affranchir les Grecs, qui, délivrés depuis peu par les Romains du joug de Philippe et des Macédoniens, étaient parfaitement libres, et qui, vivant selon leurs lois, n'avaient nul besoin de la liberté qu'il leur offrait. Il passa donc en Grèce avec une armée.

XVIII. Sa présence ébranla les Grecs, corrompus par les grandes espérances dont leurs orateurs les entretenaient de la part d'Antiochus. Manius envoya donc des ambassadeurs dans les différentes villes de la Grèce pour les contenir; et Titus Flamininus, comme je l'ai dit dans sa Vie, calma et ramena sans trouble à leur devoir la plupart des peuples qui penchaient vers la nouveauté. Caton, de son côté, retint les Corinthiens, ceux de Patras et d'Egium, et fit un long séjour à Athènes. On prétend que le discours qu'il fit en grec au peuple athénien a été conservé; qu'il y relevait beaucoup la vertu de leurs ancêtres, et vantait la grandeur et la beauté de leur ville, qu'il avait pris plaisir à parcourir. Mais ce récit n'est point vrai, car il parla aux Athéniens par un interprète ; non qu'il ne pût parler très bien leur langue, mais il était attaché aux coutumes de ses pères et se moquait de ceux qui n'avaient d'admiration que pour les Grecs. Il plaisanta Posthumius

Albinus, qui avait écrit en langue grecque une histoire, dans laquelle il demandait pardon à ses lecteurs pour les fautes de langage qui pourraient lui échapper. « II faut, en effet, les lui pardonner,.disait Caton, s'il a été forcé, par un décret des amphictyons, de l'écrire en cette, langue.» Les Athéniens, dit-on, admirèrent la précision et la vivacité du style de Caton; car il avait dit en peu de mots ce que l'interprète rendit par un long circuit de paroles : enfin, après l'avoir entendu, ils restèrent persuadés que les paroles ne sortaient aux Grecs que du bout des lèvres, et qu'elles coulaient aux Romains du fond du cœur.

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